Le Parlement européen soutient la fin de l’élevage en cage en Europe. Lors d’un vote très attendu, les eurodéputés ont adopté ce jeudi (10 juin) une proposition de résolution portant sur l’initiative citoyenne « End the Cage Age » (Pour une nouvelle ère sans cage).
558 votes pour, 37 contres et 85 abstentions : le Parlement européen a adopté la résolution sur l’initiative citoyenne « End the Cage Age » avec une majorité écrasante. Les députés ont ainsi exprimé leur soutien sans réserve à cette initiative, visant l’interdiction de l’élevage en cage dans toute l’Union européenne, qui avait recueilli plus de 1,4 millions de signatures partout en Europe entre 2018 et 2019.
La proposition de résolution, déposée par l’eurodéputé portugais Francisco Guerreiro (Verts/ALE) la semaine dernière, appelle la Commission à proposer une révision de la directive sur la protection des animaux dans les élevages de 1998. Son but : supprimer, progressivement, l’utilisation de toutes les cages dans les élevages de l’Union d’ici 2027.
Le respect du bien-être animal, pratique vertueuse pour la santé et l’environnement
Les motivations pour cette demande, à laquelle la Commission européenne devrait formuler une réponse d’ici la fin du mois, sont multiples.
Tout d’abord, l’UE considère officiellement les animaux comme des « êtres sensibles » à travers l’article 13 du Traité sur le fonctionnement de l’UE, rappelle M. Guerreiro dans sa proposition. Il reviendrait donc aux États membres de « tenir pleinement compte des exigences de leur bien-être ».
Qui plus est, la Commission a constaté « qu’il est urgent d’améliorer le bien-être animal » dans sa stratégie « De la ferme à la table » (Farm to Fork, F2F), selon l’eurodéputé. Et cela pour des bonnes raisons : d’un côté, l’élevage en cage présenterait un « risque accru de développement aux antimicrobiens ». De l’autre, la crise de la Covid-19 aurait « mis en évidence que les pratiques d’élevage industrielles et la destruction des habitats naturels qui en découle induisent un risque d’émergence de nouvelles pandémies », peut-on lire dans le document.
Le bien-être animal favoriserait par contre non seulement des aliments de meilleure qualité, mais aiderait aussi à réduire les besoins en médicaments et à préserver la biodiversité.
Notant que les cages sont déjà largement interdites en agriculture biologique, « une extension de cette interdiction à tous les systèmes agricoles pourrait stimuler de manière significative la croissance du secteur biologique », selon l’eurodéputé : la Commission européenne souhaite en effet que 25 % des surfaces agricoles utiles en Europe soient exploitées en bio. La fin de l’élevage en cage serait en outre « propice à des emplois de qualité dans les zones rurales ».
Le fait que plus de 300 millions d’animaux d’élevage passent une partie voire la totalité de leur vie en cage au sein de l’UE reviendrait en outre à une « souffrance injustifiée » – et surtout « évitable ». Une étude commandée par le service de recherche du Parlement européen « estime que des systèmes d’élevage sans cage sont envisageables en Europe », selon l’auteur de la résolution.
Enfin, la fin de l’élevage en cage est une demande forte des citoyens européens. En témoignent les 1,4 millions de signatures recueillies en l’espace d’un an qui en ont fait la sixième initiative citoyenne réussie depuis le lancement de cet outil il y a dix ans, et la première initiative réussie pour les animaux d’élevage.
Pas de bien-être animal sans soutien aux agriculteurs
Toutefois, le secteur agricole ne pourra pas endosser seul la responsabilité – et le coût – de mettre fin à l’élevage en cage. Ainsi, la résolution « souligne l’importance de soutenir les agriculteurs dans cette transition vers une agriculture plus durable ». L’UE et ses États membres devraient donc leur « garantir une aide financière suffisante pour adopter, à court terme, des systèmes d’élevage sans cage ».
Ce soutien financier devrait provenir de la Politique agricole commune (PAC), estiment les eurodéputés, qui regrettent « que la Commission n’ait pas mis à profit la stratégie « De la ferme à la table » pour réviser la PAC ». Pour le moment, les États membres n’auraient recouru « que de façon limitée » aux fonds de la PAC pour améliorer le bien-être animal – situation qui risque de perdurer tant que leurs plans stratégiques nationaux ne reflètent pas les objectifs de la Commission en matière de bien-être animal énoncé dans la stratégie F2F.
En France, la question du bien-être animal est un sujet récurrent depuis plusieurs mois. La publication de plusieurs enquêtes de l’organisation de défense des animaux L214 sur l’élevage intensif et la maltraitance animale a ainsi mis la lumière sur des pratiques d’élevage toujours insuffisantes an matière de respect du bien-être animal dans l’Hexagone. Le sujet occupe également le Parlement français. L’Assemblée nationale a ainsi adopté en janvier 2021 une proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale. De son côté, le Sénat a rejeté, fin mai, une proposition de loi pour un élevage éthique, juste socialement et soucieux du bien-être animal.
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